mercredi 29 octobre 2008

A Swedish Love Story


Il est des fois où le cinéphile averti reste pantois devant la bêtise des distributeurs : qu'est-ce qui a fait qu'il ait nécessité près de quarante années pour découvrir Une histoire d'amour suédoise. Nous nous trouvons en effet en présence d'un chef d'œuvre qui ne ferait pas tâche à côté des meilleurs films de Bergman, eh oui!, Une histoire d'amour suédoise est aussi excellent que cela!

La bande-annonce du film, et son titre, sont des fausses pistes : il ne s'agit pas que d'une simple histoire d'amour adolescente. Elle est certes présente et est bien entendu le fil rouge du film, mais il est bien plus que cela. Une histoire d'amour suédoise met en parallèle l'innocence et la fraîcheur de l'amour entre deux adolescents connaissant leur premiers émois et possédant encore les illusions de la jeunesse, et la désillusion et la tristesse de leur parents, grands-parents, des adultes en général.

S'il s'agit d'un premier film, il est impossible de s'en apercevoir tant Roy Andersson maîtrise son sujet, tant par une réalisation fluide, subtile, évidente, et des acteurs parfaitement dirigés, les plus jeunes faisant preuve d'une étonnante maturité.

L'histoire d'amour est traitée de manière formidablement subtile, ce qui donne des moments de pure poésie cinématographique donnant presque les larmes aux yeux, surtout lorsqu'elle s'ébranle. Car Une histoire d'amour suédoise navigue entre le comique et le tragique, entre la légèreté et la mélancolie. Roy Andersson amplifie l'impact de l'émotion en créant de secs ruptures de tons qui prennent le spectateur au dépourvu, ce qui le rend bouleversant, surtout lors de la digression finale lorsqu'on est totalement perdu entre le rire et les larmes et laisse une impression indélébile sur le spectateur tétanisé par l'émotion.

Une histoire d'amour suédoise s'impose comme une référence, il n'est jamais trop tard!

10/10

Vicky Cristina Barcelona


Après le sous-estimé Rêve de Cassandre, Woody Allen retrouve Scarlett Johansson et la comédie de mœurs. On craint légèrement de voir le résultat après un Scoop quelque peu laborieux, mais l'on est pas déçu.

Tout d'abord, le new-yorkais a su s'entourer d'un brochette d'acteurs formidable : Bardem s'impose décidément, de film en film, comme un des grands acteurs de sa génération, Johansson et Hall sont ravissante et pétillante de fraîcheur, elles sont l'atout charme du film, enfin, Cruz est idéale dans son rôle d'hystérique amoureuse.

Vicky Cristina Barcelona est une comédie de mœurs comme sait parfaitement en servir Woody Allen, mais ici en Espagne, dans un cadre de carte postal, l'aspect "touristique" du film étant d'ailleurs quelques peu gênants dès lors qu'on a parfois l'impression que le décor prend une place dans l'histoire qu'il n'a aucune raison de tenir autant.

Les vacances espagnoles allénienne sont donc la rencontre de deux américaines avec un peintre espagnol qui s'est séparé de sa femme d'une jalousie maladive. L'histoire n'est pas d'une originalité transcendante mais la qualité d'écriture habituelle de Woody Allen et ses acteurs parfaitement dirigés font du film une réussite, qui ne restera pas comme une des œuvres majeures du new-yorkais mais qui est un agréable moment. Un instant de vacances à profiter sans modération!

7.5/10

Tokyo!


S'il est un genre de film ne possédant pas de codes particulier c'est bien le film à sketches. Tokyo étant une des villes les plus démesurées de la planète on se retrouve devant une œuvre sans normes sur une mégalopole hors normes.

Tokyo! propose plus de personnalité et d'originalité dans son fond que dans sa forme : il est en effet découpé linéairement en trois courts/moyens métrage aux réalisateur d'horizons différents. Chaque réalisateur s'approprie d'une certaine manière la cité et semble en tirer une essence onirique, qui leur permet de créer leurs histoires.

Le Tokyo! de Gondry est une mégalopole encombrée, dans laquelle l'homme tente tant bien que mal de s'y implanter, quitte à offrir des logements dont l'insalubrité et l'étroitesse servent la base d'une grande partie du comique de son métrage. Au contraire le "Merde" de Carax est une ville offrant de grands espaces aussi bien extérieurs que sous terre, permettant de fantasmer sur ce qui peut se trouver dans ce Tokyo du dessous.

Le parti pris des réalisateurs est de rendre une œuvre onirique : de la fuite et la transformation de l'héroïne de Gondry à la livreuse de pizza aux sentiments sur commande ; chacun appose sa touche d'irréalité pour rendre leur Tokyo personnel et inoubliable.

La qualité est heureusement au rendez-vous et seul quelques passages de "Merde" foncent un peu trop tête baissée dans le ridicule. On a bien rit à la vue de ces trois métrages, et on rêve de découvrir soi-même Tokyo pour créer son propre univers onirique autour de cette cité à l'aura unique.

7/10